Le torrent

Le torrent

Après quel démon cours-tu donc si vite ?

Nouveau-né, simple filet d’eau insolite !

Tu quittes à peine tes neiges nourricières,

Virginal berceau qui t’a fait naître hier,

Et déjà sans remords, avidement, tu mords  

De tes sauvages rives escarpées les bords.

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Dans une aveugle fureur jamais égalée,

 Simple moment d’égarement ou férocité,

Tu arraches violemment lichens et mousses.

Dans ta course effrénée pleine de secousses,

Tu creuses rageusement ton lit dans le roc,

Tu n’épargnes alors ni les souches ni les roches.

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Jour et nuit, sans vergogne, tu grognes et tu cognes.

La nature n’entend rien d’autre que ta colère,

Dans cette descente infernale que tu opères. 

Tu traverses les prairies et les pâturages ;

Apaisé, tu reposes tes ondes sur le rivage.

Dans ce bassin quelques instants tu te poses,

 Tu reprends ensuite ton parcours grandiose.

.

Tu t’apprêtes à percer cette falaise abrupte

Avant de t’abandonner dans cette chute,

Dans laquelle tu te jettes, sans méfiance et sans crainte,

En faisant résonner ta profonde complainte,

Vaste éclaboussure de flots tumultueux.

.

Fatigué et lassé, tu rejoins vertueux,

Entre les saules argentés et les bruyères,

Le lit sablonneux de cette jeune rivière,

Dont le cours sans remous, apaisé et tranquille,

Calme l’agitation de tes ardeurs juvéniles.

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Guy E – février 2021

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