L’écume du temps

seashore with sea waves during daytime

L’écume du temps

Détournant mon regard des cieux envahissants,

Mes yeux se perdent dans le vide de l’océan.

De ce trait horizon, je vois la fin d’un monde,

Reflet de mon âme qui s’abime dans l’onde.

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Alors les vagues, dans un ultime reflet,

Déferlent sans orgueil en vastes chapelets.

D’une crête scintillante, sans combat ni trêve,

Ultime battement qui échoue sur la grève.

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 Un funeste rituel égrainant la jeunesse,

 Mélodie de la vie qui berce sans ivresse.

 Un ciel radieux cingle les flots avec passion…

Je m’abandonne alors à cette incantation.

Paillettes dorées qui dansent sans lendemain;

Tout mon être retient l’espoir, vital instinct,

Qu’entre vague et écume, mon corps encore résiste 

A la marée du temps, à son flux fantaisiste.

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Guy E – octobre 2022

Dérive

Dérive

Regarde l’horizon, rêve d’éternité,

Sous un ciel azuré pas assez éclairé !

Guidé par l’espérance et ses contre-courants,

J’ai jeté une ancre dans l’océan du temps.

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Entre ciel et terre, l’étrange escroquerie !

Déjà les vents malins s’essoufflent sur ma vie,

En rythment jours et nuits chacun des battements,

Érodent sans cesse les rives du présent.

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Point de port ni de quai pour enfin accoster.         

Sans jetée, point de havre pour se reposer.

J’affale les voiles de mon frêle radeau.

Espoir d’une pause. Quel étrange credo !

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Illusion du pouvoir, j’évite un naufrage

En reprenant un cap. Emporté par la vague,

Je fixe la ligne relative du temps.

L’océan de mes jours n’est donc pas assez grand.

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Guy E – octobre 2021

Vers le Nouveau-Monde

Vers le Nouveau-Monde

La mer se prélasse en remontant l’estran,

Bercées par la marée les vagues attendent le vent.

Ecoute cette rengaine, sempiternel chant,

Rumeur inchangée depuis la nuit des temps.

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Sous les nuages blancs porteurs d’illusions 

Quelques voiles disparaissent à l’horizon.

De doux zéphyrs animent les gréements,

Les équipages voguent vers un nouveau continent.

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Ils sont partis, abandonnant leur tourment,

L’esprit tourné vers le large, leurs rêves bien présents.

Sur la plage, la mer s’est retirée sans amertume

Ne laissant qu’un murmure, agrippé à l’écume. 

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Où sont-ils ? Le vaste océan les a-t-il perdus ?

Dans les chaumières, leur souvenir se perpétue :

On parle d’aventures et d’un nouveau monde,

Mais point de pleurs ni de drame qui grondent.

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As-tu vu au loin cet oiseau porteur d’espoir ?

Missive d’outre-mer qui nous laisse entrevoir,

D’une vie meilleure, une incertaine destinée :

D’autres abandonnent la patrie pour cette odyssée.

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Sur cette terre inconnue, ils fondent leur avenir ;

Aussitôt se mettent au travail sans défaillir.

Ont-ils voulu oublier leur racine dans le vent, 

Sur la terre qu’ils appelleront le vieux continent ?

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Guy E – février 2021