Le funambule

Le funambule.

Je suis funambule, je marche sur un fil.

Pas de vertige, j’avance mot à mot.

Alors, sans jeux de mots pour me faire défaut,

De toutes mes pensées, je ne perds pas le fil.

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Je suis un équilibriste au fil de mon temps.

La plume est mon balancier, quelle fantaisie !

Sur une corde raide, je déroule ma vie,

Je me balance dans les airs au gré du vent.

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Je suis acrobate, posé sur une branche.

Tel l’oiseau, je me lance dans une voltige.

Trop de pieds, point de rime, je n’ai pas de rémiges.

Hélas, je n’ai pas d’autre carte dans ma manche..

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Je suis magicien en quête de vérités.

Avec peu de talent, je change les mots en rêves.

Illusionniste, mon cœur battant sans trêve,

De l’âme d’enfant a gardé ses qualités.

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Guy E- avril 2021

Les belles années

Les belles années

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Par cette enfance qui nous rendait immortels

Et nous projetait au-delà de nos pensées,

L’imagination traversait les années.

Que de désirs inconnus lançaient leur appel !

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Les esprits s’ouvraient comme de jeunes corolles,

Les corps n’en maîtrisaient pas tout leur devenir.

De la nature, nous devinions les plaisirs

Et le temps n’avait de valeur que le symbole.

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Promesse de ses fruits, nous apprenions Ronsard 

Qui nous laissait entrevoir la fuite du temps.

Nous partions voyager sur la carte du tendre.

Dans ses pays, il n’y avait point de hasard.

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Tels ces jeunes faons qui s’enivrent au printemps,

L’ivresse de la vie s’offrait sans retenue.

Sensualité et beauté se sont fondues

Pour respirer l’effluve de nos sentiments.

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Cet automne au verger a fait mûrir les fruits

Que le gourmand et sage chevreuil vient croquer.

Le printemps s’en est allé. À quoi bon prier ?

Il nous faut aujourd’hui jouir de l’usufruit.

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Sagesse ou déraison, il nous faut reconnaître

Des nouveaux rivages, les courants plus paisibles.

Mais tels les vers que je déclame, ils sont sensibles

A l’allégresse que j’aspire à voir renaître..

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Guy EDUS – avril 2021

Après l’enfance

Après l’enfance

La vie était en moi, je la sentais s’ouvrir.

Pour avoir un futur, il me fallait grandir.

Mes jours se remplissaient de gaieté et d’espoir,

Les cieux m’éblouissaient, racontaient mon histoire.

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Point d’obscurs nuages ni de sombres présages.

Puis j’entendis des mots, dont je n’avais l’usage.

Des mots comme guerre, maladie, souffrance.

J’ai su alors que je n’étais plus dans l’enfance.

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Je connus dès lors de la vie ses deux faces :

Blanche, peut-être noire, un choix sans préface.

Il me fallait la confiance que je devais construire.

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Au long de mon chemin, au cours de mes errances,

Surmontant mes absences, j’ai appris l’espérance .

Les années passées n’ont cessé de me réjouir.

Guy E – mars 2021

Trois chrysalides

Trois chrysalides

Lorsque nos deux âmes enivrées de jeunesse

Se reconnurent bercées par tant d’allégresse,

Guidé par Cupidon, j’ai reconnu dans ta voix,

L’accord majeur qui devait enchanter ma voie.

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Tes vingt ans fleurissaient à l’aube d’un serment.

J’en ai gardé un bouquet en mon cœur aimant :

Trois jeunes chrysalides s’y étaient abritées ;

Butinant notre amour, elles se sont transformées.

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Après leur envol, le vent les a dispersées :

Au gré des courants, elles se sont laissées bercer.

Vers d’autres horizons, elles cueillirent leur bouquet.

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Notre bonheur, fruit de ce hasard facétieux,

Illumine notre temps à la lumière de tes yeux,

Quand quelques papillons voltigent dans nos cieux.

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Guy E – février 2021.

L’enfance

L’enfance

Que j’aime à me souvenir de ce jeune enfant.

Il avait dix ans et voulait devenir grand.

C’était le temps infini de l’impatience,

Celle qui a le pouvoir de dilater le temps

Et de vivre sagement le temps de l’instant.

Un âge qui n’a pas encore de passé

Pour altérer les pensées,

Celui de l’insouciance sans offense.

Il s’éveillait à la vie, à son existence.

Il lui fallait accéder à la connaissance :

Tout était si beau et tout était si grand ;

Son univers était celui de ses parents.

Dans son cœur plein d’ardeur, un soleil, une fleur,

Un pays des merveilles, le bonheur…

Que ses soldats de plomb avaient belle allure !

Ils composaient même son armure.

C’était le temps des secrets,

Ceux qui n’inspirent aucun regret.

Pourtant il lui fallut grandir,

De sa prime enfance s’affranchir.

L’inévitable abandon de sa jeunesse

Lui a créé de son passé, sa sagesse.

Alors, est-ce l’empreinte d’une vie équilibrée ?

Il ne ressent aujourd’hui aucun regret.

Guy E – février 2021

Mon arbre

Mon arbre

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Un arbre dans un verger, c’est vraiment banal :

Un tronc, trois branches, il n’y a rien d’original.

Chaque année de mon enfance, je le retrouvais.

C’était mon arbre, majestueux, il m’attendait.

Dès mon arrivée, chaque feuille m’appelait.

Un ou deux nœuds en guise de marchepieds ;

J’étais seul, je réalisais mes rêves de papier.

Je naviguais, fier capitaine de vaisseau !

J’affrontais les tempêtes sur des océans sans eau,

Un aquilon soufflait fort dans les branchages :

Le navire tanguait, je devais éviter le naufrage.

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Maîtrise des éléments, je me félicitais.

A peine rentré au port, déjà je m’envolais,

À bord d’un aéronef, je visitais les cieux,

J’explorais de lointains pays mystérieux,

Un peuple inconnu me faisait vivre cette aventure.

Mon cœur d’enfant palpitait sans démesure.

De cet arbre, j’en avais fait une partie de vie,

C’était mon refuge, avec lui, j’étais en harmonie.

Puis vint un jour où je n’entendis plus les feuilles :

Était-ce une tempête ? plus sûrement un écueil…

J’avais déserté mon poste et m’en sentais coupable,

Mon navire s’était couché sans personne à la barre.

Il avait fait naufrage, emmenant sans bruit

Une partie de mon enfance avec lui.

Guy E – février 2021