Givré d’amour

Givré d’amour,

Ce froid matin d’hiver a délaissé son voile,

Transparence cristal semée de tant d’étoiles.

Perles translucides que le givre abandonne

Lorsqu’au soleil levant, la lumière rayonne.

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Hier encor dénudés, les bras du cerisier,

Chargés de ces bourgeons aux cent-mille reflets,

Colorent le vallon en un jardin de fleurs ;

Un monde féérique où le froid est Seigneur.

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Voyant en ce bouquet un éden enchanté,

J’en ai alors chipé quelques strass irisés,

Reflets de ma passion, en fis don à ma Mie

En même temps que cette douce poésie.

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Qu’il était beau ce bouquet fleurs de diamant,

Rosée virginale capturée dans l’air glaçant

Que son cœur brûlant, divine alchimie des temps,

Fit fondre d’un regard en un si court instant.

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Il en est ainsi de ces présents éphémères 

Qui s’évanouissent et fondent dans les airs.

D’une trace humide, en cette flaque d’eau,

Mon amour se rappelle et c’est là mon cadeau.

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Guy E – Décembre 2021

Joli mois de mai

Joli mois de mai

Je dis adieu à cet inconstant mois d’avril

Qui aujourd’hui, ne s’accroche plus qu’à un fil.

J’ai vu en matinée, les premières clochettes

Qui carillonnent mai de toutes leurs paillettes.

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Le merle baigne et lisse ses plumes légères,

Pénétré par cette douce pluie de lumière.

Dans un essaim d’espoir, s’envolant sans frontière,

L’abeille abandonne la ruche nourricière.

Est-ce pour se moquer de la dernière neige

Que le verger, si heureux, lance en avalanche

Sur les gazons fleuris, mille corolles blanches ?

Les bourgeons impudiques éclatent leur gaine

Le potager fertile sourit sans retenue,

Dévoile au jardinier ses très jeunes laitues.

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Guy E – mai 2021

Le retour du printemps

Le retour du printemps

Voilà enfin revenu le temps du solstice,

De la lumière vive et des myosotis.

Tant attendu, le temps est venu pour l’hiver  

De s‘en retourner et s’endormir en enfer.

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Le coucou gris cherche, dans la haie de charmille,

Un squat adéquat pour déposer sa famille.

Les bourgeons empourprés dégrafent leur corset,

Sous l’œil rayonnant de l’impatient jardinier.

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Par ses joyeux trilles, symphonie inédite

Lancée par le merle noir sur le lilas blanc,

L’oiseau chantant nous invite opportunément 

À profiter sans attendre d’un air de printemps.

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C’est aussi le temps des émois, des émotions,

Qui font vibrer tant d’âmes d’une douce passion.

En cette saison, point de potion ni de philtre,

Il n’y a que l’amour qui s’invite au chapitre.

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Guy E -mars 2021

Le bonheur du printemps

Le bonheur du printemps

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Déjà, le printemps revient, nos âmes s’enchantent.

Pendant que le soleil réveille les herbages,

Le froid tenace s’accroche aux lointains alpages

Et cède la place à cette saison qui chante.

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Les arbres nus s‘habillent de soie et de velours.

Nous partons dès l’aurore réveiller la tourterelle :

Baignée de lumière elle s’envole à tire-d’aile.

Respirons la rose et la violette, mon amour !

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Nous remplissons nos mains de blanches primevères.

Le coucou s’est caché, irons-nous le chercher ?

On s’égare en suivant le cours de cette rivière.

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La lumière nous livre de la terre ses pépites.

Nous nous sentons empli d’un bonheur exalté.

Le monde rit, il nous sourit, mon cœur palpite.

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Guy E – février 2021

Nuit d’orage

Nuit d’orage

Alors que le jour s’achève sur les gazons,

Quelques éclairs électriques zèbrent l’horizon.

Changement de décor pour l’auditoire,

Les prés et forêts, théâtre du soir, 

S’illuminent d’une lumière irréelle,

Prélude à la soirée qui nous appelle.

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Déjà comme une répétition du mouvement,

Les acteurs préparent leurs instruments.

Jeu de lumière, la plaine est une scène.

Ainsi résonne une complainte lointaine.

L’orchestre débute enfin sa symphonie

Et lance cette lancinante litanie.

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Interprétation des premiers tambours :

Prélude de l’angoisse qui monte alentour

Et soudain se rapproche, et nous entoure.

Souffle des vents sur les chemins du bourg.  

En duo jouent la flûte et le hautbois, 

Les cors et trompettes donnent de la voix, 

Les tam-tams et timbales battent et grondent.

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En rythme, des vents puissants répondent.

Un frappement de cymbales retentit,

Alors que le roulement de tambours 

Se perpétue longuement dans les faubourgs.

Le public averti s’abrite, se terre.

L’air s’embrase à coup de tonnerre.

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De lourds nuages ont effacé la lune

Qui pleure un déluge sur son infortune.

Les gouttes d’eau jouent des maracas sur le toit.

L’eau ruisselle dans la rigole qui se noie.

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La grosse caisse redouble en cadence,

S’apaise, reprend, enfin tire sa révérence.

Derrière la colline, les vents se retirent.

Dans le village, les hommes respirent.

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Guy E – janvier 2021

Automne

Automne

Le temps est venu où la brise automnale

Souffle son écume laiteuse au-dessus du canal.

Le chêne altier se drape de couleurs mordorées,

Dans le verger, tombent quelques fruits fatigués.

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Les cerfs combattants sortent des lisières lointaines,

Appelant les biches à rejoindre leur domaine.

Déjà la clarté décroit et les nuits fraîchissent :

Dans la plaine, les prairies poudroient sans prémisse.

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Alors que les coteaux vendangent leur promesse,

Les tonneaux se remplissent dans l’allégresse.

Les troupeaux se rentrent par des chemins boueux 

Jonchés de feuilles poussées par des vents tumultueux.

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L’écureuil perd ses noix et compte les noisettes. 

Le crépuscule résonne au cri de la chouette. 

Le rougegorge est au jardin, l’hirondelle s’en va.

Enfin l’automne revient, déjà l’automne est là.

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Guy E – janvier 2021

Premiers jours d’hiver

Premiers jours d’hiver

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Un matin blanc se lève sur les prairies poudrées.

La lune pâle a maquillé dans la cour le chêne dénudé,

Couronne d’étincelles d’or et d’argent ;

Dans sa ramure blanchie, un corbeau bruyamment

croasse au-dessus du hameau encore sommeillant.

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Cri d’effroi de l’hiver, qui dans son premier regard,

Fige l’eau de la fontaine et glace la mare.

Alors que le froid tisse un linceul nimbé sur le verger,

Dans l’âtre, les flammes colorées se sont réveillées.

Les pétales d’une rose ourlée ponctuent l’allée.

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Déjà, l’orient s’illumine à la lumière du disque solaire

Accrochant mille strass aux abords de la clairière.

Lueur éphémère, halo féerique à la gloire de Hora.

Au fond des bois, la chouette scande ses hourras.

Paradis d’un jour ou Éden fugace,

Une lumière blafarde sculpte ce palais de glace.

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Animée par un léger souffle, une brume coquine,

Voile diaphane poussée par Éole, dessine

Une biche goûtant les dernières broussailles

Qui toujours aux aguets tressaille

Tandis que dans la haie arbustive,

Un merle affamé dispute à la grive

Les quelques dernières baies rouges du houx

Sous l’œil attentif et curieux d’un écureuil roux.

Une sitelle tambourine avec force

Une faine ancrée dans l’écorce.

Frileusement, les volets des chaumières languissantes

S’ouvrent sur des croisées de feuilles d’acanthe.

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La nature s’éveille, le monde s’émerveille.

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 Guy E -janvier 2021

Canicule

Canicule

Sirius s’est levé, les cieux se sont dévoilés,

Ravivant les ardeurs d’un soleil surchauffé.

Autour de la mare, la terre crevassée

Autrefois foulée, piétinée, par le bétail,

Se déchire et s’entrouvre sur mille failles.

Portes des enfers pour des démons assoiffés

Dont le souffle brûlant flétrit les pâturages.

La frêle cascade pleure au-dessus du village.

L‘air surchauffé vibre par-delà les pierres,

Rien d’autre qu’une turbulence meurtrière.

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Quelques arbres dont le feuillage disparait,

Emporté et soufflé par une nuée enfiévrée, 

Offrent aux passereaux venus se mettre à couvert

Sous leur frondaison, un asile délétère.

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Plus d’animaux, plus de fleurs, plus de vivant

Qui osent encore affronter cet air pesant.

Les troupeaux assoiffés ont fui la fournaise

Inondant ce désert que plus rien n’apaise.

Désertes aussi les terrasses alanguies

Où les hommes accablés, victimes de torpeur,

Incapables de se mettre au labeur,

Manquent tour à tour de vigueur et d’énergie.

Un souffle ardent impose à tous le repos.

Le village somnole derrière des volets clos.

Une abeille en quête de nectar gesticule 

Sur les broussailles bravant cette canicule.

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Ainsi les yeux implorants, tournés vers l’olympe,

Dans un ultime espoir, tous exhortent les nymphes

A distiller au crépuscule par leur divine alchimie,

Les larmes de la terre en eau promesse de vie.

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Guy E – janvier 2021

Première neige

Première neige

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Première neige, premiers flocons,

Tu t’envoles, aile de papillon,

Tu te poses, tu t’accroches.

Aux branches et aux roches,

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Cristaux diaphanes et éphémères, 

La lune sourit à ta lumière,

Duvet qui me réchauffe le cœur,

Que ne réchauffes tu pas l’oiseau.

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Couette voluptueuse, il frissonne

Pendant que lentement tu cotonnes,

Tu apaises et repeins les fagnes,

A la pénombre, tu m’accompagnes.

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Ta blancheur efface les malheurs.

Sur mes joues brûlantes, quelle douceur,

Est-ce un rêve un songe que sais-je ?

Ta magie opère, point j’en doute,

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Poudre tourbillonnante, tu envoûtes,

Quel privilège de voir tes arpèges.

Chioné par tes notes charmée

Se surprend elle-même à danser.

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Guy E – janvier 2021

Dans mon jardin

Dans mon jardin,

J’ai lancé sans peine quelques graines

D’aromates et de romaine.

Dans mon jardin,

J’ai décliné les choux et goûter les épices ;

À l’aurore, j’ai loué les coccinelles complices.

Dans mon jardin,

A l’ombre d’un lilas, un bouquet de pivoines

Rouge écarlate émerveille la chélidoine.

Dans mon jardin,

Les pois baignés de soleil jouent côté cour

Dans leur théâtre de velours.

Dans mon jardin ;

Pêchers roses et cerisiers blancs

Exhalent leur parfum chatoyant.

Dans mon jardin,

Un bourdon insolent froisse en soirée

La jupe légère de quelques anémones égarées.

Dans mon jardin,

Une fontaine cristalline chante les oisillons,

Solfège printanier qui enveloppe la fraise  d’un corset vermillon.

Dans mon jardin,

Quelques perles de muguet dans leur écrin moussu

Égrainent le temps qui passe à mon insu.

Dans mon jardin,

J’ai trouvé ma belle, Flore et Aphrodite réunies

Je lui ai promis des roses, elle m’a promis des fruits.

Guy E – janvier 2020