
Mon arbre
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Un arbre dans un verger, c’est vraiment banal :
Un tronc, trois branches, il n’y a rien d’original.
Chaque année de mon enfance, je le retrouvais.
C’était mon arbre, majestueux, il m’attendait.
Dès mon arrivée, chaque feuille m’appelait.
Un ou deux nœuds en guise de marchepieds ;
J’étais seul, je réalisais mes rêves de papier.
Je naviguais, fier capitaine de vaisseau !
J’affrontais les tempêtes sur des océans sans eau,
Un aquilon soufflait fort dans les branchages :
Le navire tanguait, je devais éviter le naufrage.
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Maîtrise des éléments, je me félicitais.
A peine rentré au port, déjà je m’envolais,
À bord d’un aéronef, je visitais les cieux,
J’explorais de lointains pays mystérieux,
Un peuple inconnu me faisait vivre cette aventure.
Mon cœur d’enfant palpitait sans démesure.
De cet arbre, j’en avais fait une partie de vie,
C’était mon refuge, avec lui, j’étais en harmonie.
Puis vint un jour où je n’entendis plus les feuilles :
Était-ce une tempête ? plus sûrement un écueil…
J’avais déserté mon poste et m’en sentais coupable,
Mon navire s’était couché sans personne à la barre.
Il avait fait naufrage, emmenant sans bruit
Une partie de mon enfance avec lui.
Guy E – février 2021